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La satisfaction de vivre des personnes âgées varie selon leur statut d’immigration, leurs conditions de logement et leur disposition sociale

TORONTO (Ontario) – Les personnes âgées qui habitent seules sont-elles moins satisfaites de vivre? Une nouvelle analyse auprès d’environ 12 000 répondant·es de 65 ans et plus révèle que, chez les Canadien·nes âgé·es, la satisfaction de vivre ne dépend pas en soi du fait de vivre seul. Ce sont plutôt les dispositions sociales découlant de la personnalité qui jouent un rôle important sur ce que ressentent les personnes âgées envers la vie en solo. Par ailleurs, le rôle de ces dispositions tend à différer entre les personnes âgées d’origine canadienne et celles issues de l’immigration.

Les chercheurs ont découvert que malgré des traits de personnalité très variés, les personnes âgées peuvent être regroupées en deux grands types de dispositions sociales : la dépendance sociale et l’autonomie sociale. En moyenne, les personnes âgées caractérisées par la dépendance sociale sont beaucoup plus introverties que celles qui se distinguent par l’autonomie sociale. De plus, elles sont beaucoup moins agréables, moins consciencieuses, moins stables sur le plan affectif et moins ouvertes.

« La perception intuitive selon laquelle vivre seul a un effet néfaste sur la satisfaction de vivre des personnes âgées est une simplification excessive de la réalité, affirme la première autrice de l’étude, Jing Shen, affiliée de recherche à l’Institut sur le parcours de vie et le vieillissement de l’Université de Toronto. La disposition sociale personnelle atténue le lien entre les conditions de logement et la satisfaction de vivre. Les personnes caractérisées par leur autonomie sociale, qui sont en mesure de rechercher, de construire et d’entretenir elles-mêmes des relations sociales, ont tendance à adopter un point de vue plus positif de la vie en solo que leurs homologues caractérisés par la dépendance sociale, qui sont susceptibles de créer des réseaux passifs, découlant d’interactions répétitives attribuables à la proximité spatiale ».

Les rôles opposés de ces deux types de dispositions sociales sur la satisfaction de vivre des personnes âgées qui habitent seules deviennent encore plus évidents lorsqu’on distingue les personnes issues de l’immigration de leurs homologues canadiens.

« Nous avons été fascinées de découvrir que l’écart entre les personnes âgées issues de l’immigration et celles d’origine canadienne à l’égard de la satisfaction de vivre est surtout observée chez les personnes âgées autonomes sur le plan social qui sont nées au Canada et habitent seules et les personnes immigrantes dépendantes sur le plan social qui sont seules dans leur ménage, souligne Hongmei Tong, coautrice et professeure agrégée à l’École de travail social de la faculté des sciences de la santé et des services communautaires de l’Université MacEwan. Notamment, la tendance vers une plus grande satisfaction de vivre chez les personnes âgées d’origine canadienne qui habitent seules s’observe surtout chez celles caractérisées par l’autonomie sociale, tandis que chez les personnes issues de l’immigration qui habitent seules, une plus faible satisfaction de vivre s’observe surtout chez celles qui se caractérisent par leur dépendance sociale. »

L’étude révèle également d’autres facteurs associés à la satisfaction de vivre des personnes âgées, qu’elles soient immigrantes ou non. « En fait, les divers types de soutien social n’ont pas tous la même importance à l’égard de la satisfaction de vivre, explique l’autrice principale, Esme Fuller-Thomson, directrice de l’Institut sur le parcours de vie et le vieillissement et professeure à la faculté de travail social Factor-Inwentash de l’Université de Toronto. Par exemple, il est beaucoup plus important d’avoir quelqu’un à qui parler pour ressentir la satisfaction de vivre que de recevoir un soutien social actif, comme l’aide à la préparation des repas et aux tâches domestiques. »

D’autres facteurs sont associés à une plus grande satisfaction de vivre chez les personnes âgées, y compris les bons liens sociaux, la participation fréquente à des activités sociales, un revenu plus élevé et une bonne santé physique.

Les résultats de l’étude ont été publiés en ligne ce mois-ci, en anglais, dans l’International Journal of Aging and Human Development. Ils reposent sur des recherches de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV).

L’étude fait ressortir les politiques sociales susceptibles de rétrécir l’écart entre les personnes âgées issues de l’immigration et celles d’origine canadienne à l’égard de la satisfaction de vivre. « On pourrait peut-être corriger la faible satisfaction de vivre chez les personnes immigrantes âgées caractérisées par la dépendance sociale qui habitent seules si on leur facilite l’accès à des programmes de socialisation comme des centres de jour de quartier et à un plus large éventail d’activités sociales hors de leur maison », avance Jing Shen.

L’article original, publié par EurekAlert !, figure ici.

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