Les adultes d’âge moyen atteints de fragilité ont eu plus de difficultés à accéder aux soins de santé pendant la pandémie

Wednesday, Janvier 4, 2023

Les adultes d’âge moyen atteints de fragilité vivant dans la communauté étaient plus susceptibles d’avoir de la difficulté à accéder à des soins de santé au cours de la première année de la pandémie de COVID-19 que leurs homologues plus âgés, a expliqué Lauren Griffith, chercheuse à l’Université McMaster.

Son constat découle d’une analyse des données de près de 24 000 personnes à travers le Canada âgées de 50 à 90 ans qui ont participé à l’étude par questionnaire sur la COVID-19 de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement et dont les résultats ont été publiés dans la revue Age and Ageing.

La chercheuse a mentionné que son équipe souhaitait examiner les impacts liés à la pandémie du point de vue de la fragilité, car de nombreuses mesures de santé publique visant à réduire la propagation de la COVID-19 étaient basées sur l’âge.

« La fragilité est un syndrome multidimensionnel associé à une mauvaise santé et à la diminution des capacités fonctionnelles. Elle se caractérise par une vulnérabilité accrue aux facteurs de stress, comme ceux rencontrés pendant la pandémie », a expliqué la professeure Griffith. « La fragilité et l’âge, bien qu’ils soient liés, sont souvent analysés séparément, mais de nombreuses personnes âgées de 80 ou de 90 ans sont en bonne santé. »

À l’automne 2020, les participant·es à l’étude ont répondu à des questions sur leur santé physique et mentale ainsi que sur les conséquences de la pandémie, telles que les difficultés d’accès aux soins de santé et les répercussions globales sur leurs relations sociales, leurs ressources financières et leur santé.

L’équipe de recherche a ensuite divisé les participant·es en quatre groupes, appelés quartiles, en fonction de leur niveau de fragilité. Les scientifiques ont alors constaté qu’à mesure que le niveau de fragilité augmentait, le nombre de personnes chez qui la pandémie a eu des effets négatifs sur le plan social ainsi qu’en matière de santé et d’accès aux soins de santé augmentait, ce qui ne pouvait s’expliquer par d’autres facteurs tels que le sexe, l’âge ou les comportements liés à la santé, comme le tabagisme.

« Ces résultats ne nous ont pas complètement surpris. Les résultats sont devenus plus intéressants lorsque nous avons examiné l’impact de la fragilité par groupe d’âge. Peu importe le niveau de fragilité, les personnes appartenant à la catégorie d’âge le plus jeune étaient celles qui rencontraient le plus de difficultés, en particulier en matière d’accès aux soins de santé. Cela était particulièrement vrai pour les personnes les plus fragiles », a déclaré la chercheuse, première autrice de l’étude et professeure agrégée au Département des méthodes, des données et de l’impact de la recherche en santé.

Par exemple, dans le groupe présentant le niveau de fragilité le plus élevé, près de 30 % des personnes âgées de 50 à 55 ans ont déclaré avoir des difficultés à accéder à des soins spécialisés, contre 12,7 % des personnes âgées de 75 ans et plus.

« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer ce qui influe sur ces résultats, a ajouté la professeure Griffith, mais il semble que nous ayons relativement mieux répondu aux besoins de santé des personnes de plus de 75 ans. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé que la technologie constituait un obstacle majeur à l’accès aux soins, car moins de 2 % des personnes ont déclaré ne pas avoir accès à la technologie de vidéoconférence. »

Dans le cadre d’études précédentes, Lauren Griffith et ses collègues ont constaté que dans les groupes d’âge plus jeunes, les déficits psychologiques et cognitifs étaient les plus fortement associés à des niveaux de fragilité globaux. Les scientifiques ont également observé un lien entre l’augmentation de la fragilité et la baisse des revenus, ce qui suggère que les participant·es les plus jeunes sont plus vulnérables psychologiquement et socialement, a déclaré la chercheuse.

« Bien que la mesure de la fragilité soit un outil pour éclairer les estimations du risque de COVID-19, nos données suggèrent qu’il pourrait jouer un rôle plus large dans les soins de première ligne et la santé publique en identifiant les personnes susceptibles de bénéficier d’interventions visant à réduire les impacts sociaux et sur la santé tant de la COVID-19 que de futures pandémies », a-t-elle conclu.

L’étude a reçu un financement externe de la part de l’Agence de la santé publique du Canada et de la Nova Scotia COVID-19 Health Research Coalition.